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LE SECRET D'AMY-LEE de Marc BRUCKER : Extrait


Lorsqu’ils arrivèrent dans le salon, le signal sonore du détecteur avait déjà augmenté de deux octaves, ce qui signifiait que la température chutait rapidement.

— Trois degrés de moins en même pas deux minutes, précisa Wesley. Il n’y a pas de doute, un esprit se trouve actuellement dans ce périmètre.

Pour corroborer ses propos, un épouvantable cri, mi-humain mi-animal, résonna et se répercuta sur les murs. Une tempête de vent se développa soudainement au niveau de la coursive et se déplaça à une vitesse effrénée, d’un bout à l’autre du couloir. Les tentures claquèrent contre les cloisons dans un grand bruit sec. Les deux jardinières en céramique se renversèrent comme de vulgaires fétus de paille, éparpillant sur le sol leurs décorations florales. La rambarde de sécurité trembla à chaque passage du tourbillon, accompagné de sourds craquements inquiétants. Les secousses se répercutèrent jusque dans les poutres du plafond, laissant par endroits s’échapper quelques fins nuages de sciure. Même le pesant lustre suspendu au plafond se mit à vaciller, faisant tinter ses enjolivures en cristal ciselé. Rien ne semblait pouvoir arrêter cette fureur déchaînée.

Wesley mitrailla la scène avec son appareil photo, tentant désespérément de cadrer son sujet. John, quant à lui, sortit son arme de service et se mit en position de tir, cherchant vainement, lui aussi, à trouver une cible. Phillips resta légèrement en retrait, les mains plaquées sur ses joues, assistant au spectacle de désolation avec des yeux exorbités.

— Vous pouvez ranger votre arme, précisa Wesley à son collègue. Elle ne vous sera d’aucune utilité contre un spectre.

— Mais comment va-t-on faire pour l’appréhender ?

— On ne capture pas un fantôme, John. On lui parle, c’est tout. On le rassure sur son état transitoire entre la vie et la mort, et lorsqu’il a compris pourquoi il est bloqué dans notre monde, il s’en va généralement de lui-même dans l’au-delà.

L’inspecteur Williams regarda l’agent spécial d’un air médusé, les bras ballants. Toute cette affaire le dépassait.

— Je vais prendre mon laser vert et monter dans le corridor, j’aurai plus de chances d’entrer en contact avec lui de cette manière, annonça Wesley.

— Je… je vous suis, balbutia timidement John.

Au moment où les deux policiers s’engagèrent dans l’escalier, monsieur Phillips poussa un cri d’horreur :

— Regardez ! Là, derrière les tapisseries, suffoqua-t-il en désignant, d’un doigt tremblotant, le mur du fond.

La cloison semblait effectivement se gondoler, comme si un ver géant cherchait à se frayer un passage à travers la paroi pour rejoindre le séjour.

Wesley fixa sa grille laser sur l’objectif pour suivre la reptation de la créature. Une forme humaine se détacha clairement sous le faisceau lumineux, et soudain, les contours d’un visage grimaçant apparurent en relief à travers la tapisserie.

© Marc Brucker, Février 2016

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